Corinne Lepage
Elle étudie au collège et au lycée Molière de Paris.
En 1971, elle sort diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Corinne Lepage obtient ensuite un diplôme d’études supérieures (DES) de droit public, un DES de sciences politiques et le certificat d’aptitude à la profession
d’avocat en 1974. Elle prête serment pour devenir avocate le 28 mai 1975. Elle obtient son doctorat d’État en 1982 avec félicitations du jury.
Corinne Lepage co-crée en 1978 le cabinet d’avocats Huglo-Lepage, spécialisé dans le droit de l’environnement. Elle est élue en 1987 au Conseil de l’ordre des avocats de Paris.
Elle travaille à partir de mars 1978 sur le naufrage de l’Amoco Cadiz. Elle y représente les collectivités locales du Finistère et des Côtes-du-Nord en
opposition à Amoco. À l’issue d’un procès qui dure une quinzaine d’années, les victimes obtiennent gain de cause, une première en droit de l’environnement. Le cabinet refuse de verser au syndicat de communes 3,7 millions
de francs, ce qui lui vaut un procès et une menace de saisie; le procès se solde en faveur du cabinet.
À la même période, Corinne Lepage défend les collectivités locales et associations qui s’opposent à l’installation des centrales nucléaires ou qui luttent pour leur fermeture en particulier les collectivités locales allemandes et luxembourgeoises
à Cattenom et suisses à Creys-Malville.
Le cabinet travaille ensuite sur de nombreux dossiers concernant l’environnement, aux côtés d’associations comme Ecoropa, ou de collectivités locales. Depuis 2006, Corinne Lepage est avocate des collectivités locales et associations
qui se sont constituées parties civiles dans le procès de la marée noire causée par le pétrolier Erika en 1999 et qui met en cause, entre autres, la compagnie pétrolière Total.
Le 25 septembre 2012, la chambre criminelle de la Cour de cassation, dans sa formation plénière, a rendu, sur avis non conforme de l’avocat général, une décision approuvant la cour d’appel de Paris d’avoir retenu sa compétence
pour statuer tant sur l’action publique que sur l’action civile dans l’affaire de la catastrophe écologique dite du pétrolier l’Erika. L’affréteur Total, qui avait commis une telle faute et qui avait, à tort, bénéficié d’une immunité
de responsabilité, a, en conséquence, sur les pourvois de plusieurs parties civiles, vu sa responsabilité retenue par la chambre criminelle qui l’a condamné à réparer les conséquences du dommage solidairement avec ses co-prévenus
d’ores et déjà condamnés par la cour d’appel.
En 2010, elle défend l’association Mouvement pour les droits et le respect des générations futures (MDRGF), assignée pour dénigrement par la Fédération nationale des producteurs de raisins de table (FNPRT). Elle est également l’avocate
de l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer à la suite du passage de la tempête Xynthia ainsi que de 115 victimes en appel. En 2011, elle remporte le prix European Women Business Law Awards,
organisé par l’IFLR (International Financial Law review) dans la catégorie « droit de l’environnement ».
En 2015, elle soutient le Conseil administratif de la Ville de Genève qui s’oppose à la poursuite de l’exploitation de la centrale nucléaire du Bugey. La même année, elle obtient le prix du Livre politique du barreau de Paris pour
son livre Les mains propres, aux éditions Autrement.
Elle obtient le premier succès de justice climatique en France dans l’affaire Grande-Synthe en obtenant du Conseil d’État l’obligation de respecter ses objectifs climatiques.
Elle défend la commune de Maincy pour faire juger en 2019 la mise en danger d’autrui, puis obtient en 2020 et 2021 devant le Conseil d’État la condamnation de l’État pour carence climatique.
Parcours politique
En raison de sa participation au gouvernement d’Alain Juppé (1995-1997), Corinne Lepage est considérée comme une écologiste de droite, qualification dans laquelle elle ne veut pas se reconnaître, ne se disant ni de droite, ni « écolo ».
Débuts (1981-1995)
Candidate écologiste en 1981, elle est élue en 1989 sur une liste divers droite, maire adjointe chargée de l’environnement et de l’urbanisme à Cabourg. À la suite du vote d’une délégation de service public de l’eau ne respectant pas les règles de concurrence, elle entre en opposition durant l’hiver 1990. Elle saisira en 1992 le procureur de la République de Caen de ces faits. La bataille juridique durera jusqu’en 1999, et s’achèvera par la condamnation lourde du maire.
Elle est candidate en 1993 aux élections législatives dans la 4e
circonscription du Calvados sous la bannière de Génération écologie qu’elle a cofondé en 1989 avec Brice Lalonde, Jean-Louis Borloo et Jean-Michel Belorgey. Elle arrive cependant loin
derrière Nicole Ameline, candidate UDF et dauphine de Michel d’Ornano avec un score de 6,17 %. Elle quitte le parti rapidement après.
Corinne Lepage est réélue en 1995 sur la liste. conduite par Jacques Porcq dont elle devient première adjointe au maire de Cabourg.
Ministre de l’Environnement (1995-1997)
En 1995, elle répond positivement à la proposition d’Alain Juppé de prendre en charge le ministère de l’Environnement. Elle n’est alors membre d’aucun parti. Corinne Lepage déclare : « Ma nomination au
ministère de l’Environnement n’est survenue que par les combats que j’avais menés auparavant. Alain Juppé cherchait des femmes de la société civile. Je n’avais pas d’étiquette politique à l’époque, et certainement pas celle de droite ! »,
dans un entretien accordé à Yves Loison en décembre 2009. Selon le journal Libération, sa nomination est aussitôt vivement critiquée par certains membres de la droite normande.
Corinne Lepage fait partie des douze femmes (nombre inhabituellement élevé à l’époque) — les « juppettes » — qui composent le premier gouvernement Juppé. Le 7 novembre 1995, lors du remaniement ministériel donnant
lieu au second gouvernement Juppé, elle est la seule femme à rester ministre de plein exercice. Si elle n’a pas souffert de difficultés particulières en tant que femme au sein du gouvernement, elle déplore, en 2004, d’avoir
eu à subir, à l’Assemblée nationale, des injures « qui n’auraient jamais été proférées à l’égard d’un homme ». En octobre 2008, elle critique, à la lumière de son expérience personnelle, le comportement de François
Fillon et de la majorité UMP à l’égard de Nathalie Kosciusko-Morizet en soutenant publiquement l’action et les propos de cette dernière.
En tant que ministre de l’Environnement, Corinne Lepage se donne pour priorité de montrer que l’environnement peut « contribuer à la lutte contre le chômage ». En 1996, le Conseil des ministres adopte son projet concernant
la pollution de l’air. Il rend obligatoire la surveillance de la qualité de l’air et renforce les mesures de limitation de la circulation en cas d’alerte. Ce projet aboutit à l’adoption par le Parlement de la loi LAURE du 30
décembre 1996, également appelée « loi Lepage ». Cette loi instaure notamment des limitations de vitesse dans les métropoles françaises en cas de pic de pollution à l’ozone. La même année, Corinne Lepage obtient la création
du Comité de la prévention et de la précaution. Dès son arrivée en 1995, elle met un terme à la participation de la puissance publique au Comité permanent amiante.
Accusée « d’adopter un profil bas », Corinne Lepage est l’objet de critiques pour son absence de vision politique de l’environnement. sous la présidence de Jacques Chirac, face à de grands thèmes écologiques : reprise
des essais nucléaires. redémarrage du réacteur nucléaire Superphénix en septembre 1995, réduction du budget de l’Environnement, difficultés de mise en place de la directive européenne Natura 2000.
Le redémarrage contesté du réacteur Superphénix, qui connaît de nombreuses difficultés techniques, est l’occasion d’un vigoureux bras de fer entre Corinne Lepage et le ministre de l’Industrie Franck Borotra. Après l’annulation
en 1997 du décret d’autorisation de création de 1994 par le Conseil d’État, elle refuse de signer le décret de redémarrage sans enquête publique. Elle menace implicitement Alain Juppé de démissionner. Le syndicaliste Christian Moesl
déclare : « Les politiques avaient toutes les cartes en main. Il y avait une volonté manifeste de laisser traîner le dossier. (…) Superphénix, on le sent bien, c’est une épine pour tous les gens qui ont été au pouvoir.
(…) On l’a bien senti, on a toujours eu des décisions frileuses de la part des politiques. Je prends l’exemple du dernier Gouvernement : Corinne Lepage a mis Superphénix au bord du précipice et Dominique Voynet l’a poussé ». lors
de son audition par la commission d’enquête parlementaire sur Superphénix et la filière des réacteurs à neutrons rapides.
Pour Libération, les résultats de son ministère se réduisent à « rien, hormis une loi sur l’air, simple « thermomètre » de la pollution, instaurant tout de même la circulation alternée les jours de pic. ».Corinne
Lepage tire de son expérience au ministère le livre On ne peut rien faire, Madame le ministre, dans lequel elle dresse un constat d’impuissance face aux lobbies des industriels de l’automobile, au clientélisme
politique et aux technocrates des grands corps de l’État.
En 1996, elle crée le club de réflexion politique Cap21 (Citoyenneté, action, participation pour le xxi
e siècle), qui « se reconnaît dans le réformisme écologique »